Dans une rue, deux immeubles se font face. Les voisins se croisent, échangent quelques mots mais personne ne se connait vraiment. Chaque matin, la journée s’annonce banale, prévisible et triste. Lucie est trop vieille pour être femme de ménage. Sans le sou, transparente pour les autres, elle songe au suicide. Louis le jeune garçon solitaire reste prostré à la porte du cimetière, sans être autorisé à voir la tombe de sa mère. Irina l’ancienne danseuse, privée du regard des autres, peint des spectateurs sur les murs du théâtre abandonné où elle se produit seule. Elle ignore qu’Armand, le bibliothécaire timide, use de stratagèmes puérils pour tenter d’attirer son attention. Paul, employé cauchemardeux du service des objets trouvés, fuit le sourire obsédant de Kacew. Et puis, un jour, alors que rien ne le laisse prévoir… tout s’emballe ! – Le soleil va briller dans la grisaille de ces vies. Tous ces êtres en perdition vont rompre leur solitude, oublier leurs angoisses ou dépasser leur timidité pour vivre d’autres aventures. Ce n’est pas parce que l’on a connu l’ombre que la lumière ne peut briller.
Ce one-shot intimiste nous embarque dans un univers sensible, attendrissant, pétri d’une espérance qui se fait jour à travers les détresses. A l’image des destins des personnages qui vont peu à peu se rencontrer, plusieurs récits s’entrecroisent avec bonheur dans un scénario subtil et serré. Chacun de ces êtres isolés va trouver quelqu’un à voir et aider. Petits coups de pouce, ou pièges prémédités, des évènements brisent leur coquille. Chaque geste vers l’autre transforme à la fois son auteur et son destinataire. Sensible et attachant, le dessin donne du caractère à des acteurs bien différenciés. Il extériorise leurs sentiments en les faisant évoluer insensiblement. Les décors tranquilles et villageois donnent de la douceur à l’histoire. Le trait personnel, les couleurs chaudes et une mise en page ordonnée apportent à l’ensemble quiétude et émotion. On referme cette BD serein.