Comme chaque année, à la fin de l’été, les Dutilleul, riches notables, accueillent dans leur superbe propriété campagnarde la haute société locale. Cette soirée, qui sera tragique pour la famille, sonne aussi le glas d’une époque heureuse. En 1914, la première guerre mondiale s’annonce. Dans ce monde en bouleversement, l’auteure suit, de 1914 à 1950, le destin de trois générations de femmes. La mère, pétrie d’arrogance et de certitudes, sacrifie sa cadette et tyrannise les siens ; la résistance de la petite-fille aînée n’en est que plus touchante. Caroline Sers, avec un style très narratif, habilement désuet, dresse le portrait à charge d’une société hypocrite, corsetée de principes, et le poids d’un matriarcat tyrannique ; elle restitue adroitement l’atmosphère glaciale dans laquelle baigne la famille. Le suspense autour du drame familial est bien entretenu, mais l’épilogue, qui était décevant dans La maison Tudaure (NB octobre 2006), est ici grotesque !
Les petits sacrifices
SERS Caroline