Les Pires Contes des frères Grim.

Physiquement, on les croirait descendants de Don Quichotte et Sancho Pança. Caïn et Abel Grim, familiers des joutes musicales et oratoires de “payada”, sont des troubadours ridicules et malchanceux dont les pérégrinations sont rapportées dans la correspondance imaginaire de deux érudits sud-américains. Ils seraient arrivés mystérieusement sur les terres australes et sont accompagnés de Zoé, leur mule albinos. On ignore l’origine du mythe de ces personnages, mais leurs aventures permettent aux auteurs de décrire les moeurs des habitants actuels du cône sud de l’Amérique et de dénoncer leurs pratiques politiques. Mario Delgado-Aparaín (Une histoire de l’humanité, NB. décembre 2000) et Luis Sepúlveda (Une sale histoire, notes et réflexion, NB février 2005) poursuivent leur militantisme littéraire dans ce pamphlet romanesque qui n’épargne personne. Ayant souri à la lecture de l’introduction et du glossaire pimenté présenté au début du roman, le lecteur s’apprête à suivre allègrement nos héros, c’est alors qu’il s’aperçoit que ces deux premiers chapitres ont dit l’essentiel et que la forme épistolaire de la suite est un poids encombrant. Peut-être le lecteur français n’est-il pas en mesure de comprendre les caricatures qui émaillent le récit ?