De Paris où il vit, à Argelès-sur-Mer puis Barcelone et Porto Cristo, « le garçon » part sur les traces de Manu, son père aujourd’hui disparu. Combattant aux côtés des Républicains durant la guerre civile espagnole, Manu perd une jambe après un raid italien sur les Baléares en 1936. Il fuit Barcelone et les franquistes en 1939 et se réfugie en France. Son silence a creusé des trous qui gardent leur mystère car Manu racontait toujours les mêmes histoires et taisait ses souffrances. Comment son fils va-t-il désensabler des souvenirs qu’il n’a pas vécus ? Après La Lumière et l’Oubli (NB octobre 2009), Serge Mestre récrit un ouvrage largement autobiographique, publié en 1991. Le livre est conçu à l’image de la mémoire, faite de blancs et de collages qui se chevauchent sans chronologie. Les flash-back se mélangent aux images de la quête présente. À travers le personnage du fils imprégné de deux cultures s’esquisse le portrait attachant d’un homme intègre pris dans la tourmente du conflit. Les deux voix narratives, l’une paternelle, l’autre filiale, au style peaufiné et fouillé, confèrent au récit une distanciation à la fois réaliste, pudique et respectueuse, qui captive et émeut. Un très beau roman.
Les plages du silence
MESTRE Serge