En mal d’édition, quatre auteurs pince-sans-rire multiplient les conversations de comptoir et échangent des phrases définitives sur la littérature en général et plus spécialement la gestation difficile de leurs prochains ouvrages. Les anecdotes fusent et la culture s’étale. À propos d’une phrase de Camus sur la suppression des adjectifs, les écrivains se livrent à une rude bataille d’épithètes. Le recrutement d’une secrétaire est prétexte à quelques gauloiseries. Pourtant, le bar est en passe d’être fermé, ce qui plonge nos amis dans un profond désarroi.
Au fil d’une douzaine d’épisodes drôlatiques, on explore le monde du livre dans un registre finement caricatural, gentiment dérisoire et plein de retenue. L’inspiration, le style, la gloire et la jalousie sont les préoccupations quotidiennes d’individus retranchés du monde ordinaire, tour à tour légèrement mégalomanes ou franchement déprimés. L’un d’eux en vient même à se coucher en travers des voies d’un chemin de fer – il veille toutefois à ce que la ligne soit désaffectée. Un dessin subtil dans son apparente simplicité fait défiler sur le visage des protagonistes toute la palette de leurs humeurs changeantes. Il les fait évoluer dans des décors soignés, teintés de couleurs atténuées où dominent les tons bistre ou vert d’eau.