Les princes nubiens

BONILLA Juan

Sa nouvelle profession ? « Sauveur de vies ». Intitulé qui fleurit l’ego du narrateur, garçon paumé qui peine à se détacher d’une famille passablement névrotique. Il est chargé de repérer dans les bidonvilles et autres lieux de misère les jeunes les plus beaux et d’extraire ces pépites de la boue en les vendant, avec leur consentement, à un « club » international de prostitution de luxe, où ils deviennent des « machines sexuelles » adaptées à toutes demandes. L’essentiel est d’éviter les sentiments, qu’ils soient amoureux ou compassionnels, règle qu’enfreint le héros, pour son plus grand dommage et celui d’un couple peut-être nubien et pas du tout princier, mais d’une foudroyante séduction.  Le sujet est à la fois porteur et inquiétant : mondialisation des réseaux de prostitution, immigration clandestine, exploitation sexuelle. L’autodérision du narrateur, ses introspections d’adolescent attardé, ses scrupules et ses mésaventures contrastent avec ce sujet nauséabond parsemé d’immondices, de La Paz à Malaga, et plutôt terrifiant. Le jeune auteur, journaliste, connaît-il ces réseaux ? On préférerait penser que non.