Fin des années 30 à Berlin ; un tueur assassine des épouses de personnalités nazies et les mutile. Pour être promu dans la Wehrmacht, le jeune gestapiste Franz Beewen doit faire ses preuves et élucider l’affaire. Une enquête hors norme qui nécessite son alliance avec deux psychiatres à la marge, l’une se shootant à l’éther et au cognac, l’autre couchant avec ses patientes qu’il fait chanter. Avant d’approcher la vérité, bien des pistes s’ouvrent et se referment, toutes crédibles, toutes fausses…
Ce trio, sans la moindre expérience des affaires criminelles, qui va s’affronter, s’épauler, grandir ensemble de ses erreurs, constitue le moteur de cette plongée dans un Berlin gangréné par l’idéologie nazie et ses dérives. Tragique mais parfois drôle, intelligent et glaçant, traité avec justesse et solidement documenté, ce récit où Berlin est un personnage à part entière charrie les idées criminelles du IIIe Reich dans les arcanes de la machine gestapiste et s’attache à la psyché. Une histoire sous-tendue par l’Histoire où Grangé (Le jour des cendres, Les Notes août 2020) emprunte la trajectoire d’un jeune paysan devenu un SS dangereux et violent pour pénétrer au cœur du régime, évoquer les purges, les stérilisations, la campagne d’hygiène raciale et l’avènement des Lebensborn. L’auteur parsème son récit d’humour et les échanges vifs et plein d’esprit allègent ce thriller historique d’une grande intensité, à la fois terrifiant et fascinant, qui marque un tournant dans l’œuvre de Jean-Christophe Grangé. (Maje et M.-N.P.)