Les Puces et le Renard

BELLINI Laura

Renard dormait du sommeil du juste au bord de l’étang bleu quand un bataillon de puces s’est jetĂ© sur lui. Comment se dĂ©barrasser des intruses ? En s’ébrouant dans l’eau toute proche ? Elles reviendront Ă  la nage. Il faut les Ă©loigner davantage, installer Ă  distance de toute rive un radeau isolĂ© sur lequel il les sĂšmera. SitĂŽt pensĂ©, sitĂŽt fait car Renard est rusĂ© : une feuille de nĂ©nuphar fait l’affaire oĂč les nuisibles pĂ©riront, c’est sĂ»r. Mais les puces aussi ont une tĂȘte   « Tel est pris qui croyait prendre ! » L’histoire est amusante : sans Ă©gard pour le renard agressĂ©, on applaudit sans rĂ©serve Ă  la dĂ©brouillardise des puces. Le traitement graphique qu’en donne Laura Bellini est raffinĂ© : dans un dĂ©cor bucolique Ă  l’acrylique et Ă  la craie grasse, l’étang rĂ©vĂšle les trĂ©sors de sa vie tout en transparences et surimpressions. Pas un mot mais des images dont la limpiditĂ© narrative tient Ă  la prĂ©cision du dessin. Le piquant du rĂ©cit naĂźt de l’organisation thĂ©Ăątrale des sĂ©quences de ce drame burlesque dont nous sommes les spectateurs. Un trĂšs bel album aussi drĂŽle qu’Ă©lĂ©gant. (C.B.)Â