En 1940, dans le pays de Bray, Peter Siderman, juif allemand engagé volontaire dans l’armée française, fuit sur les routes et emprunte l’identité d’un mort. Fait prisonnier, il bénéficie d’une autorisation exceptionnelle pour rejoindre sa mère mourante. La famille joue le jeu et Peter s’installe dans son personnage d’Alexandre d’Anderlange. Il rencontre ses cousines, mais de lourds secrets familiaux l’entraînent dans une expédition aussi périlleuse que rocambolesque. En temps de guerre, la vie tient parfois à une opportunité, une complicité ou une simple tolérance. Après Arden (NB octobre 2013), Frédéric Verger revient sur les cacophonies de la guerre avec un personnage qui, de bons en mauvais plans, survit par intuition. Un commandant rustique et truculent, une mère et son majordome aussi fins que simulateurs, des cousines pathétiques et drôles forment avec les prisonniers russes un cortège hétéroclite. Si la première partie, savoureuse gourmandise poétique et métaphorique, laisse une impression tendre, l’épisode trop long du monastère alourdit le récit, en gâte le rythme et initie une déconcertante comédie. On se laisse cependant porter par l’histoire et l’écriture d’une grande richesse lexicale qui s’entend à décrire une campagne morne, un bol de soupe fumante ou les destins brisés des expulsés. (Maje et S.D.)
Les rêveuses
VERGER Frédéric