Les singes de Dieu

À Paris, sous le règne d’Henri III, un contre-pouvoir défie le roi : il s’agit d’un groupe de ligueurs acharnés, les Seize, avec à leur tête Jean Boucher, le bien nommé, personnage historique, curé de Saint Benoit et docteur en Sorbonne. Leur première arme, la parole qui suscite le meurtre, les dénonciations, les vengeances multiples, par haine des protestants, mais aussi de ceux qui recherchent la paix : Ils arment le bras de Jacques Clément, meurtrier d’Henri III, et luttent de toutes leurs forces contre Henri IV : ni pitié ni pardon…  Le narrateur, capucin, seconda jadis Boucher ; frappé de mutisme, recouvrant la parole, c’est un coeur brisé qui fait revivre la ronde infernale des haines inexpiables, l’horreur des prêches fanatiques, la logique monstrueuse du mal. L’auteur est un fin littérateur bien documenté (André Gide, vendredi 16 octobre 1908, NB septembre 1992). Ce roman historique en trois chapitres dont un très court, surprenant de tendresse, sur les émois d’une jeune fille aimée du narrateur, met en scène les excès de la religion au service de la passion du pouvoir. La clarté terrible du style, haletant, la cruauté des événements évoquent une situation bien actuelle : comment devient-on un fou de Dieu ? … (E.B. et V.A.)