Massachussetts, 4 août 1892. Lizzie Borden, une jeune fille psychologiquement fragile, découvre son père et sa belle-mère assassinés à coups de hache. Elle est très perturbée alors qu’Emma, sa soeur, assume mieux la situation. John, un oncle peu sympathique, se trouve là inopinément, accompagné d’un jeune voyou. Il y a aussi Bridget, la bonne, dans sa cuisine. Aucune intrusion signalée. Lizzie est déclarée coupable. Cette histoire vraie a passionné l’Amérique à l’époque et reste une légende populaire. Sarah Schmidt la transforme en un huis clos, enfermant le suspense entre les murs de la maison. Les cinq protagonistes s’expriment tour à tour sur les meurtres, dévoilent l’ambiguïté délétère des rapports familiaux, mélange d’une haine fielleuse et de rares moments de confiance. Des non-dits porteurs de malaise exhalent un trouble, une angoisse d’autant plus prégnante qu’elle plane, insaisissable : aucune enquête, seulement des doutes et des soupçons. Une belle écriture traduit l’atmosphère très victorienne d’un milieu bourgeois à l’aube de l’émancipation des femmes. Tout est si bien raconté que la réalité du fait divers s’impose à tout moment et chaque détail semble véridique. Difficile d’oublier ce drame et cette famille. (V.M. et E.G.)
Les soeurs de Fall River
SCHMIDT Sarah