Les filles du milliardaire Stavros Livanos épousent en 1946 et 1947 deux armateurs grecs. Tina, la cadette, convole en premier avec Onassis, le flamboyant nouveau-riche, tandis que l’aînée, Eugénie, s’unit à son concurrent le plus féroce, Niarchos. Leurs infortunes conjugales, leurs vies d’enfants gâtées et volages, et leurs addictions les mèneront l’une et l’autre au suicide à l’aube de la quarantaine.
Complétant sa série de biographies romancées de jet-setters des Trente Glorieuses, Stéphanie des Horts (Pamela, NB avril 2017) s’empare des tragédies mêlées des familles Livanos, Niarchos et Onassis, pour en faire une saga romanesque enlevée, entre Point de Vue et Légende dorée des Dieux et des Héros. Aux fastes scandaleux de vies dont la vacuité se nourrit de luxe et de désordres sentimentaux répondent une amoralité totale en affaires et une férocité impitoyable. Phrases lapidaires, commentaires et dialogues tranchants, portraits au vitriol : tout est bon à l’auteur pour traduire les excès en tous genres de ses personnages. Onassis, Maria Callas, Jackie Kennedy, Churchill, sont égratignés avec verve. Pas besoin d’être spécialement friand d’indiscrétions sur l’intimité des puissants de ce monde pour se laisser entraîner avec délices dans ce déballage d’un autre temps. (L.K. et T.R.)