Claire et son petit frère, orphelins, ont été élevés dans une ferme près de Dinard. Trente ans plus tard, revenue dans la région, Claire flâne à Saint-Enogat, charmant petit port. Elle y rencontre son ancien professeur de piano, bien vieille et solitaire maintenant, qui l’accueille comme une fille retrouvée. Et aussi celui qu’elle a aimé, Simon, devenu notable et père de famille. Dans un décor de rochers battus par la mer, de lande et de grève infinie, cet amour de jeunesse ne demande qu’à s’embraser. Jusqu’au drame.
Pascal Quignard (cf. Villa Amalia, NB avril 2006) écrit ici clair et court, sa dramaturgie n’en est que plus efficace. Il fait de Claire une énigme que ses proches vont tenter de résoudre en prenant tour à tour la parole, avançant dans leur recherche en cercles concentriques. Il ne se contente pas de planter un décor, la nature magnifiquement évoquée avec ce qu’elle a de plus âpre devient sous sa plume un personnage à part entière, en symbiose avec son héroïne. Tour à tour avec retenue et envolée, Pascal Quignard recherche le fond des âmes.