Fatima, la cinquantaine, femme de ménage dans les hôtels, attend dans une chambre un amant qui, ce soir, ne viendra pas. Elle se remémore le camp de harkis de Saint-Maurice dans le Gard, la misère et le mistral glacial, les humiliations qui ont nourri la révolte des jeunes de sa génération, même lorsque le HLM a remplacé le camp. Elle s’interroge sur le silence de ses parents, sur la faute de son père et sur la société française. Aujourd’hui, Fatima, fille d’Arabe et de harki, a enfin fait la paix avec son histoire et, d’une voix sereine, parvient à porter un regard distancié sur la perte des racines, l’exclusion, la colère. Né en Algérie en 1952, Ahmed Kalouaz a publié une trentaine d’ouvrages où il explore tous les genres : poésie, nouvelles, théâtre et romans, notamment sur son histoire familiale (Avec tes mains, NB mars 2009). Dans ce court récit, intimiste et poignant, l’auteur, fils de l’immigration, évoque le contexte, assez rarement traité, et l’attitude honteuse de la France à l’égard des harkis parqués et oubliés. Servie par une très belle écriture, souvent poétique, cette méditation sur l’exil et l’isolement s’achève sur une note d’espoir.
Les solitudes se ressemblent
KALOUAZ Ahmed