Au centre de Luanda, la capitale angolaise, un immeuble décrépit, presque abandonné, abrite une petite communauté de gens simples, voire très pauvres, qui s’entraident au quotidien pour le transport de l’eau dans les étages ou l’organisation de veillées sur la terrasse. Tous s’inquiètent de voir leur voisin Odonato devenir… transparent. Pendant ce temps, indifférent à la pénurie d’eau courante et aux questions de sécurité, le gouvernement met en place un gigantesque plan d’exploitation du pétrole dans le sous-sol de la ville. Ondjaki est le pseudonyme bantou d’un écrivain lusophone vivant au Brésil, auteur de livres pour la jeunesse. Le héros de ce roman social et politique personnifie la douleur de l’Angola, mélange de nostalgie et de rage d’exister : la saudade portugaise. Autour de lui se pressent de multiples personnages émouvants ou drôles, parfois grotesques. À travers eux le romancier dénonce la précarité des démunis, l’arrogance de l’administration, la compromission des médias. L’abandon des conventions typographiques habituelles renforce la dimension poétique du texte mais requiert un temps d’adaptation du lecteur : absence de majuscules en début de phrase, ponctuation simplifiée. Au croisement d’influences littéraires africaines et sud-américaines, Ondjaki tisse une belle fable, tragi-comique et ambitieuse, aux prolongements surnaturels. (T.R. et A.-M.D.)
Les Transparents
ONDJAKI