À quatorze ans, Tang quitte sa campagne natale pour Shanghai la fascinante. II doit se mettre au service de Bijou, une meneuse de revue ensorcelante et vénéneuse entretenue par le chef du gang de la Tête du Tigre qui règne sur la Shanghai trouble des années trente. C’est avec les yeux de Tang, rebaptisé Œuf pourri, que nous découvrons le monde glauque de la mafia, ses codes, ses intrigues, ses trahisons, ses nuits torrides, ses rivalités, ses règlements de compte. Argent et vanité pèsent ici plus que la vie humaine.
L’écrivain et journaliste chinois Bi Feiyu, primé dans son pays, est traduit en français depuis 2004. L’intérêt de son roman – porté à l’écran en 2005 – réside surtout dans la singularité du regard ambivalent de Tang sur les êtres et les événements, à la fois innocent et étonnement perspicace. Si, malgré un style concret sans vraie surprise, le ton garde une certaine originalité, c’est vraisemblablement parce que les souvenirs de cette adolescence chaotique sont racontés par le héros au crépuscule de sa vie, enrichis d’une sorte de sagesse.