Les trois mariages de Manolita

En 1939, dans l’Espagne franquiste, Manolita, dix-huit ans, se débat pour gérer sa nombreuse fratrie. Elle organise la survie de tous, entre ses « petits boulots » et ses visites dans les prisons où sont incarcérés sa belle-mère et son père, qui sera fusillé. Elle accepte, à la demande de son frère aîné qui vit dans la clandestinité, de servir la cause des Républicains en contractant un faux mariage avec un détenu, qui bouleversera sa vie.   L’auteur (Le lecteur de Jules Verne, NB juin 2013) compose, à partir d’une mosaïque de faits avérés et de personnages, réels ou fictifs, aux destins croisés, une fresque qui conduit le lecteur des fêtes orgiaques données dans un palais aux cabarets de flamenco, des sinistres geôles aux institutions religieuses où sont internés les enfants des prisonniers politiques. Le récit est conduit avec une intensité dramatique qui retient l’intérêt, avec l’Histoire en toile de fond. Une déconstruction de la chronologie, un changement fréquent de narrateur et de point de vue, la multiplicité des noms et surnoms et un recours systématique aux ruptures dans le récit requièrent une concentration permanente. Une lecture exigeante certes, mais très instructive. (M.M. et A.-M.D.)