Esther, anthropologue spĂ©cialiste de la palĂ©o-pathologie et du monde des morts, a effectuĂ© de nombreuses fouilles. Elle sâintĂ©resse particuliĂšrement aux stigmates osseux, Ă la recherche des lignes de Harris, sortes de failles qui indiquent blessures et maladies quâelle sâefforce dâinterprĂ©ter. Au Kosovo, des experts du Tribunal pĂ©nal international dĂ©couvrent des charniers et font appel Ă elle et Ă ses collĂšgues pour tenter dâidentifier les corps et les rendre Ă leurs familles. Ces dĂ©couvertes macabres la traumatisent au point de dĂ©clencher une dĂ©pression qui nĂ©cessite une analyse.
Â
AprĂšs Kosaburo, 1945 ou les herbes de lĂąchetĂ© (NB fĂ©vrier 2011), Nicole Roland continue dâanalyser le sentiment de la perte et du deuil. La psychanalyse est le fil conducteur de cet ouvrage. Lâexamen des corps permet Ă lâhĂ©roĂŻne dâaccepter sa propre exhumation et de construire sur ses ruines personnelles (enfance meurtrie, mort du pĂšre et maladie de la mĂšre) une nouvelle vie. Cette approche originale dâune analyse est dâune grande clairvoyance. Le roman, au style dĂ©pouillĂ© et poĂ©tique, Ă©voque avec une belle finesse les blessures de la vie.