Bouba, le mari bien-aimĂ© de Coumba et pĂšre de leur petite fille de six mois, a pĂ©ri noyĂ© lors du naufrage dâun ferry assurant la navette entre Dakar et la Casamance. Depuis, submergĂ©e par ses Ă©motions, Coumba ne vit plus. RĂ©fugiĂ©e Ă Niodor, lâĂźle qui lâa vue naĂźtre, elle ne mange plus, ne dort plus, cachĂ©e sous ses voiles blancs de veuve. La nuit, elle a des visions et supplie les veilleurs de Sangomar â les esprits des morts â de la laisser parler Ă son grand amour. Puis se console en Ă©crivant.  Fatou Diome (Celles qui attendent, NB octobre 2010) possĂšde une verve, une langue inspirĂ©e et imagĂ©e qui peut basculer dans des envolĂ©es excessives en forme dâincantations. Elle aborde avec originalitĂ© la question du deuil en Afrique avec ses coutumes parfois pesantes mais trĂšs chaleureuses. En naviguant entre le monde des vivants et le royaume des ombres, elle fait la part des choses avec intelligence entre lâanimisme de ses ancĂȘtres, religion pacifique et Ă©galitaire, et certaines barbaries modernes. Dans un dĂ©luge verbal Ă©chevelĂ©, souvent rĂ©pĂ©titif, elle mĂšne une rĂ©flexion profonde et intĂ©ressante sur la vie, la mort, le poids de la famille, lâamour conjugal et maternel. (V.A. et Maje)
Les veilleurs de Sangomar
DIOME Fatou