Soixante-douze ans, solitaire, Aaliya vit Ă Beyrouth. Sa mĂšre, trĂšs vite veuve, sâest remariĂ©e et a eu dâautres enfants. Elle, lâaĂźnĂ©e mal-aimĂ©e, mariĂ©e Ă seize ans, puis rĂ©pudiĂ©e par un homme impuissant, est restĂ©e dans le mĂȘme appartement devenu son antre. Elle a travaillĂ© dans une librairie, ne sâest liĂ©e quâavec une femme chaleureuse, aujourdâhui disparue, et un Palestinien expulsĂ© du Liban. Elle consacre sa vie Ă traduire des livres du français ou de l’anglais en arabe, sans jamais chercher Ă publier. JusquâĂ ce quâun dĂ©gĂąt des eaux endommage les cartons oĂč sâentassent ses traductions. Ses voisines la secourentâŠÂ  Rabih Alameddine, Ă©crivain dâorigine libanaise (Hakawali, NB dĂ©cembre 2009), campe une femme vieillissante, misanthrope, dĂ©pressive, qui ne sâautorise quâĂ faire des traductions de traductions. Pas de chapitres : le long monologue de la narratrice est truffĂ© de citations, de rĂ©fĂ©rences littĂ©raires, reflet de lâĂ©rudition encyclopĂ©dique de lâauteur. Les souvenirs interfĂšrent constamment dans la vie quotidienne de la pathĂ©tique et lucide hĂ©roĂŻne, mĂȘlant inextricablement passĂ© et prĂ©sent. En toile de fond, Beyrouth, la ville mythique dont les habitants ont Ă©pousĂ© les malheurs et observent les constantes transformations. Le style est alerte, le vocabulaire lapidaire. MalgrĂ© les multiples digressions, le roman est prenant. (L.G. et C.D.)
Les vies de papier
ALAMEDDINE Rabih