Peu avant la mort de Franco, ils formaient un groupe communiste visant à renverser la dictature. Quelque trente ans après, ceux que les rivalités professionnelles ou sentimentales n’ont pas brouillés se retrouvent pour un repas fin à Madrid. À tour de rôle, ils expriment leur personnalité, leur passé, leurs réussites ou échecs sociaux, affectifs, leur perception du festin, leurs attentes. Ils ont bien changé : leur union a éclaté, ils se sont adaptés avec plus ou moins de réussite, de courage et, surtout, ils ont vieilli sans l’enthousiasme de leur jeunesse, frustrés par un quotidien dont les aspects sont raillés par Rafael Chirbes. L’absence de chapitres (seuls les alinéas indiquent le changement de personnages dont l’identité n’est pas immédiatement évidente), un style et une présentation enchevêtrés, contournés, captent cependant l’attention du lecteur. L’auteur poursuit l’analyse de la capitale espagnole et du franquisme développé dans La chute de Madrid (NB avril 2003), abordant, parfois crûment, l’intimité, la sexualité, le goût pour l’alcool et la drogue, les maladies, les difficultés à communiquer de ses antihéros.
Les vieux amis
CHIRBES Rafael