En Haïti, Merry, quinze ans, boiteuse, est déflorée par François-Jean. Il lui fait deux enfants et s’envole. Courageuse et travailleuse, la jeune fille-mère s’accroche tant bien que mal à son rêve de vie familiale. Survient le terrible séisme de 2010 et tout bascule. Merry gagne clandestinement un îlot de Guadeloupe où un couple de retraités métropolitains lui offre gîte et travail. Entre patronne et employée se tissent des liens affectifs nourris par leurs blessures intimes. Pour que cessent leurs cauchemars et leurs hallucinations, il faudra élucider le passé, exorciser les fantômes. Gisèle Pineau, écrivain guadeloupéenne prolifique (Cent vies et des poussières, NB juillet-août 2012), excelle à peindre les états d’âme des femmes antillaises subissant maternités, abandons, violences, mais connaissant aussi solidarités, complicités et échanges chaleureux. La romancière fait ressentir intensément l’émotion, les interrogations et les obsessions de deux très belles héroïnes aux vies fracassées dont les histoires entrent singulièrement en résonance. Les personnages secondaires pittoresques, le langage coloré, sensuel et imaginatif, éclairent une situation pathétique à laquelle s’ajoutent les traumatismes du tremblement de terre et l’injustice sociale et raciale aux Caraïbes. Un récit poignant, mais savoureux et optimiste.
Les voyages de Merry Sisal
PINEAU Gisèle