Aux premières pages et dans le VIIe arrondissement, périmètre du narrateur-Sollers, la rieuse Viva, espionne de profession, amante légère, comme lui s’exerce au tir dans un local du ministère de la Défense, hautement sélectif. Aux dernières pages et dans le même quartier, Sophie alias Hua ressemble à une statue Tang et passe avec succès dans le studio d’expertise du même narrateur. Entre les deux, Sollers, toujours à lui-même source jaillissante de sujets, se présente en grand Initié, en Éveillé, oeil et oreille ouverts sur l’invisible et l’inaudible, irradiant d’ondes cosmiques et « voyageant le temps ». En très bonne compagnie : Lautréamont, Rimbaud, Nietzsche, Watteau, Hölderlin, T.E. Lawrence, Céline, Bach, J.-C. (comme avant et après)… En Bête, solitaire et superbe, qui est, il nourrit les Parasites, qui ne sont pas. Il admoneste le lecteur : « Soyez raisonnable ! Appelez-moi océan de sagesse ! » Plus volontiers, peut-être, lac de culture et fontaine d’humour. Des grotesques démêlés des Houellebecq mère et fils aux spéculations métaphysiques, on se laisse prendre à ces jeux de l’esprit, souvent railleurs. Ou l’on s’en irrite. C’est selon.
Les Voyageurs du Temps
SOLLERS Philippe