Les yeux fardés

Dans La Barceloneta des années trente, quartier qui jouxte le port de Barcelone, vivent pauvrement des familles de pêcheurs et de dockers, la plupart gagnées aux idées progressistes catalanes. Deux filles et deux garçons y grandissent en partageant tout, jeux, école, insouciance, caresses et petits secrets. Tandis que le coup d’État fasciste ébranle la république et mobilise la population, naît entre les deux garçons, devenus ados, un sentiment qui dépasse la simple camaraderie. Ils devinent qu’ils s’aiment, mais ignorent encore qu’ils vont connaître, chacun à sa façon, toutes les horreurs de la guerre civile et de la défaite. C’est à travers vingt-six interviews accordées soixante-dix ans plus tard à un cinéaste qu’est imaginé ce roman d’un amour entre deux très jeunes gens dans le cadre d’une guerre atroce. Si noir soit le contexte, une personnalité provocante et lumineuse les domine, celle du narrateur, le survivant, vieil anar bisexuel scandaleux qu’anime encore la rage de vivre. Son récit est dense, la langue est claire, sensible et puissante. Rire, pleurs et tendresse ou insultes affleurent à chaque page dans l’omniprésence du souvenir et le dynamisme d’une jeunesse massacrée par l’Histoire. (A.Lec. et A.Be.)