Nancy Huston se demande – la question lui a été réellement posée – « à quoi ça sert d’inventer des histoires ». De toutes les espèces, seule la nôtre est « l’espèce fabulatrice ». Le bébé humain ressemble fort au petit chimpanzé, mais il a un nom, un prénom, il entend des berceuses, des paroles, des contes… qui feront de lui un homme. Un enfant peut tout apprendre, s’ouvrir au monde, mais aussi être transformé en marionnette qui croit que les siens (famille, école, équipe, armée, patrie…) ont toujours raison et que « les Autres, c’est l’ennemi ». Après la biographie (Passions d’Annie Leclerc, NB novembre 2007), Nancy Huston s’appuie sur de nombreux textes, de Shakespeare à Dickens et Romain Gary, et des exemples (livres brûlés, lavages de cerveau, épopées guerrières, religions et leur catéchisme…) pour affirmer la suprématie des riches fictions littéraires sur la pauvreté de nos vies. Ce court essai se lit très facilement, affirme avec finesse et vigueur le pouvoir de la littérature et de l’écrivain, soulève de multiples questions.
L’espèce fabulatrice
HUSTON Nancy