Avec son collaborateur tibétain et bouddhiste pur jus, Frank, cinquante-cinq ans, deux enfants, deux mariages, vend des maisons sur la côte du New Jersey où il habite. Nous sommes en 2000, c’est l’époque de Thanksgiving et Bush vient d’être élu. Quelques mois plus tôt, Frank a été traité pour un cancer de la prostate. Il se voit fichu. Est-ce l’heure du bilan ? Il constate, avec quelque désenchantement, que tout change autour de lui, que l’avenir se construira sans lui. Il lui faudra prendre ses distances alors qu’il voulait croire en une « période permanente ». Quant au passé, chaque pensée l’y ramène. Après Indépendance (NB mai 1997), ce dernier et épais volume d’une trilogie clôt la série consacrée à Frank Bascombe. On retrouve le style pince-sans-rire, ironique et laconique de l’auteur qui, par des enchaînements totalement maîtrisés, réussit, avec finesse et subtilité, dans une période de seulement trois jours, dans un espace de quelques miles, à faire vivre l’Amérique sous de multiples facettes grâce à des personnages secondaires apparaissant et disparaissant avec leur vie propre et leurs silences. Un peu long, sans doute, mais néanmoins séduisant.
L’état des lieux
FORD Richard