Pendant un voyage de trois jours, en traîneau tiré par ses rennes, dans la taïga sibérienne, Démiane évoque ses souvenirs. Ainsi découvrons-nous sa famille obéissant à des règles strictes, les rites de son clan de l’Ours et surtout leur infini respect de la nature, l’homme se sentant uni à l’univers entier. Le XXe siècle bouleverse cette société millénaire bien organisée. D’abord arrivent « les Rouges » ignorants, prédateurs, parfois tortionnaires. Ils réquisitionnent pour le kolkhoze tous les rennes qui périssent faute de soins. Suit la guerre mondiale avec ses nombreux morts et disparus. Enfin la recherche du pétrole saccage villages, territoires de chasse et de pêche. Tout cela fait plonger dans l’alcool dévastateur beaucoup d’êtres désespérés oubliant que L’Étoile de l’Aube revient après chaque nuit.
L’auteur, né dans cette société, la décrit avec émotion et précision. Homme politique, il raconte bien cette longue histoire d’un peuple qui meurt. Écrivain de talent, proposé pour le prix Nobel, il charme le lecteur avec des détails nostalgiques et poétiques qui font rêver.