Il vit avec une grand-mère grognon, sous une ligne à haute tension, entre l’aéroport et l’abattoir. L’abattoir, c’est son lieu de travail. Il faut assommer, tuer, dépecer, au milieu des cris et du sang. Avec nostalgie, il se souvient des jeux de son enfance : baignades à la station d’épuration, chasses au trésor sur le tas d’ordures. Maintenant le soleil n’arrive plus à percer la brume épaisse qui recouvre tout comme un couvercle. Pour se tenir debout, il reste l’amitié et le rêve. Il parle de partir, il est toujours là. Joël Egloff, toujours aussi incisif et caustique (Les Ensoleillés, NB août-septembre 2000), n’a pas besoin de longs discours pour peindre le tableau d’une vie étonnante et absurde, entièrement grise, enchâssée dans un univers du même ton. Et pourtant la tendresse irradie ce roman qui est un bijou de concision et d’humour.
L’étourdissement.
EGLOFF Joël