À la fin du XXe siècle, Rosa, quatre-vingt-douze ans, Russe juive cultivée, intelligente et battante, quitte son pays avec son fils et sa belle-fille pour Gigricht, petite ville du centre de l’Allemagne. La municipalité accueille des Juifs pour « racheter » le passé. Née en 1907 dans un village rural de Biélorussie, ballottée entre invasions et pogroms, elle arrive en 1920 à Leningrad pour étudier à l’université. Elle survivra au siège de la ville et y vivra soixante ans. Une existence parsemée d’embûches qu’elle surmonte grâce aux astuces qu’elle déploie pour protéger les siens. Vladimir Vertlib, « juif russe écrivant en Allemand et habitant en Autriche », plonge dans l’histoire de sa famille. De son propre aveu, il prend quelques libertés avec les « faits historiques, les évènements et les détails », donnant ainsi parfois à cette biographie de jolis accents de conte. Son aïeule, dont la vie couvre le siècle, est un témoin étonnant de la condition juive à cette époque dans ce pays. Sa mémoire permet à l’auteur d’observer avec un oeil très humain le quotidien, l’intimité, les difficultés du peuple. Lettres, sauts dans le temps, anecdotes mettent de la vie dans les chapitres et évitent à ces souvenirs prégnants un pathos excessif. (A.M. et C.R.P.)
L’étrange mémoire de Rosa Masur
VERTLIB Vladimir