L’étrangère

Son corps est massif, qui cache derrière ses formes amples un passé tragique. Rescapée du génocide perpétré par les Turcs, Aravni, grand-mère arménienne, habite au même étage que sa famille dans un immeuble parisien. Bien qu’elle baragouine à peine le français, elle sait attirer ses petits-enfants par des pâtisseries. Amassia (Arménie) 1915 : Aravni doit fuir avec sa mère et sa soeur. Son père et son mari ont été arrêtés. S’ensuivent une longue marche, l’horreur des convois, des camps de déportés, la disparition d’êtres chers… Elles font étape à Alep. Avec son nouveau mari, journaliste communiste, Aravni vit ensuite difficilement à Marseille puis à Paris. Ancienne rédactrice en chef de Elle, Valérie Toranian est actuellement directrice de La Revue des deux mondes. Après le style musclé de Pour en finir avec la femme (NB janvier 2005), elle raconte dans un style très classique l’histoire tragique, bien que romancée, de sa grand-mère. En parallèle, l’auteur évoque avec tendresse et humour ses souvenirs. L’occasion, dans les deux cas, de raviver la mémoire de cette grand-mère atypique et de faire savoir ce qu’ont subi les Arméniens de Turquie. (D.D. et E.L.)