Lettre à D. : histoire d’un amour

GORZ André

& & & &

 

 

Ce qu’il avait au fond de lui, jamais le philosophe ne l’avait aussi clairement formulé que dans cette Lettre à D. À sa femme Dorine il restitue son rôle, dénié dans Le Traître (N.B. jan. 1959), livre aux pages négatives qu’il regrette. L’essentielle, c’est elle, Dorine, l’autre moitié d’une relation exceptionnelle d’engagement l’un à l’autre. Ils ont bâti ensemble une vie tournée vers l’ouverture. De ces années de connivence, de grands débats d’idées et de petits boulots, il dégage le sens, s’oblige à s’engager, à dévoiler sa garde. L’expérience est intérieure ; après s’être longtemps dérobé à lui-même, André Gorz reformule la collaboration efficace, le jugement précis, l’effacement de cette femme rétive à toute autorité. Dorine reste le plus beau lien qu’il a avec la vie.

 

Le philosophe est en paix. Il le dit dans cet opus bouleversant, méditation sur la vie et sur l’écriture, où l’émotion étreint dans les dernières pages par le regard accordé à la mort du vieil homme amoureux, qui guette dans la nuit le souffle de l’aimée.