À seize ans, elle a été enlevée en plein aéroport de Bangkok. Subjuguée par un homme dont le visage lui semblait vaguement familier, droguée, elle a été emmenée au plus profond du désert australien. Confrontée à cet homme aussitôt haï, elle est cernée par cet infini de cette terre rouge, vide de toute présence humaine : rien d’autre que le silence et le cri des animaux sauvages. C’est là qu’elle passera le reste de sa vie, selon Ty qui a prémédité son geste de longue date. Il veut vivre avec elle dans la maison sans confort qu’il a construite au milieu de nulle part. Mais le désert n’est pas sans danger pour le ravisseur lui-même… La longue lettre que Gemma, sur le conseil d’une psychiatre, écrit à son ravisseur juste avant le procès retrace toutes les étapes psychologiques qu’elle a traversées, de la haine et la révolte à un regard plus attentif sur Ty. L’amour qu’il lui manifeste, non sans délicatesse, depuis bien avant l’enlèvement, lui répugne puis l’intrigue, et finit par insinuer le doute dans ses certitudes. Cette ambiguïté des sentiments est traduite avec finesse par deux événements allégoriques : la chasse, la capture, puis le dressage d’une chamelle, la peur, fascination puis la morsure d’un serpent sont des images des rapports psychologiques et de l’étrange relation qui se noue entre les deux personnages.
Ce thriller au ralenti, qui semblerait parfois s’éterniser dans les sables du désert, tient pourtant en haleine le lecteur, partie prenante du drame parce que « captif » à l’instar de Gemma. Il offre l’analyse bien menée du trouble mental dont souffre le ravisseur et de la confusion de sentiments de la victime, s’apparentant au syndrome de Stockholm. Jouant des oppositions entre le végétal, symbole d’un monde civilisé et apaisant auquel elle a été arrachée, et le minéral aride dans lequel elle est immergée, il met aussi en relief les extraordinaires paysages australiens que l’auteur a connus dans sa jeunesse, et la culture aborigène, dans son rapport avec une nature fascinante et omniprésente.