Poète, romancier (Mon amour, NB mars 2001), Yves Charnet a vécu en 1999 une révélation. À Séville, assistant à une corrida, il est envoûté par le rituel tauromachique et son célébrant, le toréador Juan Bautista, natif d’Arles. Désormais, il est habité, envahi par le jeune garçon, il veut écrire sa vie. Par fragments et réflexions, interpellations à un correspondant insaisissable, bribes de quotidien, d’une arène, d’une saison à l’autre. Comment vivre la recherche du geste parfait, quand la quête de beauté affronte la mort ? Comment danser, solitaire sous le regard des foules, le duo sanglant homme/taureau ? Deux portraits s’emmêlent, ceux du poète et du torero, qui poursuivent chacun leurs rêves impossibles et inquiets. La forme morcelée du texte fractionne l’adhésion du lecteur qui regarde, fasciné, la prise des habits de lumière, s’ennuie un peu aux terrasses de café, dans la rumeur des aficionados, jauge en frémissant le lâcher du taureau… Ce séjour dans un royaume mystérieux, archaïque et civilisé, ne se regrette cependant pas.
Lettres à Juan Bautista
CHARNET Yves