En 1989, ZĂ©lie dĂ©couvre, dissimulĂ©es dans le grenier de la maison familiale ariĂ©geoise, des dizaines de lettres jamais dĂ©cachetĂ©es adressĂ©es Ă son pĂšre. Elles viennent des Ătats-Unis. Les premiĂšres datent de 1925. Elles ont Ă©tĂ© envoyĂ©es par son grand-pĂšre qui avait Ă©migrĂ© Ă la mort de sa femme, laissant en France son seul fils. Devenu mĂ©decin, ce dernier souffre toujours du silence de celui que l’entourage traitait de « vagabond ». Â
Anne Icart (Le temps des Lilas, NB juillet-aoĂ»t 2017) Ă©crit des romans en partie autobiographiques, les personnages principaux ont existĂ©, elle a rencontrĂ© leurs descendants. Elle raconte, en alternant le texte des lettres avec la saga de la famille française, une histoire mouvementĂ©e, des PyrĂ©nĂ©es Ă New York, et lâentoure dâune Ă©motion presque palpable. Certaines scĂšnes sont dĂ©chirantes. Comment ne pas compatir Ă la souffrance dâun fils qui se croyait abandonnĂ© par son pĂšre alors que ses lettres, dâune affection dĂ©bordante, ont Ă©tĂ© cachĂ©es par vengeance ? Alors que la silhouette paternelle, Ă©crivant solitaire sur un banc de Washington Square hante le rĂ©cit ? LâatmosphĂšre amĂ©ricaine au dĂ©but du XXe siĂšcle est rude mais la possibilitĂ© dây rĂ©ussir, la chaleur de lâentraide, la cuisine du sud-ouest… ensoleillent cette lecture trĂšs prenante. (V.M. et M.Bo.)