L’exercice du skieur

COIFFIER Sophie

La Muche, au printemps 2022, dans une station de ski que le manque de neige a reconvertie en rĂ©sidence d’artistes. La narratrice y Ă©voque sa jeunesse des annĂ©es 70-80, quand les villes nouvelles poussent au rythme pailletĂ© d’une insouciante sociĂ©tĂ© des loisirs :  L’exercice du skieur naĂźtra ce cette Ă©vocation d’un temps Ă©merveillĂ© par l’élĂ©gance ludique du skieur en exercice, naguĂšre standard iconique du marchĂ© des sports d’hiver, repris mĂȘme dans les manuels scolaires pour habiller de concret les exercices de math ou de physique ! Au fil du souvenir, les anecdotes se multiplient, amusantes ou ironiques au grĂ© d’une plume alerte.

La Muche, en 2041, le tournage d’un film est bousculĂ© par l’éboulement du sommet qui menace le village, contraignant toute l’équipe Ă  un changement radical du scĂ©nario prĂ©vu et du tournage. Rebecca, une des actrices, a trouvĂ©, par hasard, le manuscrit de L’exercice du skieur qui rĂ©sonne comme prĂ©monitoire de ce qui se vit lĂ , le seul souci de la production Ă©tant de rebondir financiĂšrement, voire de proposer une sorte de making of sensationnel du film en lieu et place de la romance prĂ©vue.  Le cynisme succĂšde Ă  l’insouciance.

L’artifice de la dystopie permet cette mise en perspective de deux moments dans une continuité  aveugle de la destruction de notre monde. Ni pamphlet accusateur, ni critique sur le fond, ni ouverture sur l’aprĂšs que la dystopie autorisait, le roman a nĂ©anmoins le charme d’un exercice d’écriture qui effleure plaisamment son sujet.  (C.B et J.G)     Â