Angel, rĂ©publicain communiste espagnol vaincu par le franquisme, et son Ă©pouse Libertad se sont rĂ©fugiĂ©s clandestinement en France avec leur fils ĂągĂ© de dix jours. Ils sâinstallent en province, Ă Vieillottes, oĂč naissent trois autres enfants dont la jeune Angustias qui raconte leur exil, leurs difficultĂ©s dâadaptation, leur dignitĂ© pour se faire accepter des gens du pays, leur amour familial, les trĂ©sors dâimagination, de comprĂ©hension pour sâadapter Ă la vie quotidienne, Ă lâĂ©cole.  Ce troisiĂšme roman dâIsabelle Alonso, plus connue pour ses prises de positions fĂ©ministes, est trĂšs diffĂ©rent des prĂ©cĂ©dents (cf. Filigranes, NB avril 2005), largement autobiographique et plus rĂ©ussi. Elle y analyse dâune plume alerte, pleine dâhumour et de dĂ©licatesse, le dĂ©racinement, la frustration des Ă©trangers, mĂȘme sâils ont obtenu lĂ©galement la nationalitĂ© française. Elle campe avec tendresse et drĂŽlerie les personnages pittoresques, parents ou amis, qui ont accompagnĂ© son enfance. Il sâen dĂ©gage un curieux paradoxe entre la rĂ©ussite certaine de lâintĂ©gration juridique et son insuccĂšs psychologique. La perception par une fillette de ces problĂšmes de lâassimilation se lit avec tout lâintĂ©rĂȘt que suscite ce thĂšme actuellement.
L’Exil est mon pays.
ALONSO Isabelle