Inquiets devant le virage opéré par la télévision depuis une dizaine d’années (multiplication des émissions de téléréalité et des jeux trash qui reposent sur la violence et l’humiliation), les deux auteurs, respectivement journaliste et professeur de philosophie, ont eu l’idée d’un pseudo jeu télévisé inspiré des expériences scientifiques de Stanley Milgram en 1960. Sommés d’envoyer des décharges électriques croissantes à un candidat peu doué, combien obéissent et vont jusqu’au bout de l’expérience, malgré les cris, les supplications, puis un silence inquiétant ? Soixante pour cent chez Milgram, plus de quatre-vingt pour cent dans le jeu de 2009. Ni le « questionneur », piégé et de bonne foi, ni le public ne savent que la victime est un acteur et que la souffrance est simulée.
L’ouvrage raconte avec précision la préparation et le déroulement de ce jeu qui fait également l’objet d’un documentaire, «Le jeu de la mort », diffusé en mars 2010. Par ailleurs, et c’est son principal intérêt, il s’interroge sur nos nouveaux comportements induits par la télévision et qui ont de quoi inquiéter. La réflexion est claire, les arguments, les références et les exemples sont convaincants. Le lecteur ne peut que réfléchir devant ses propres attitudes – et pas seulement vis-à-vis de la télévision.