L’explosion de la tortue

CHEVILLARD Éric

L’achat d’une tortue d’eau a scellé leur amour. Malgré les précautions prises avant leur départ en vacances, la pauvre bête s’est décalcifiée et à leur retour, crac, il la blesse mortellement d’une légère pression sur la carapace. Leur idylle n’y survit pas. Une déconfiture totale pour lui, dont les ambitions littéraires connaissent le même effondrement. Un ponte universitaire lui vole la découverte d’un auteur oublié dont il avait, par hasard, retrouvé les oeuvres… qu’il comptait bien s’approprier en les bidouillant et en les publiant sous son nom.  Que ses fidèles lecteurs se réjouissent, l’imagination d’Éric Chevillard (Ronce-Rose, NB mars 2017) ne souffre d’aucune dépression dans cette histoire de tortue malencontreusement écrasée par un héros malchanceux et désarmant de candeur, auquel on s’attache avec tendresse. Jeux de mots et métaphores pléthoriques célèbrent aussi bien les qualités des bouchons de baignoire que l’art du plagiat en littérature, et quelques autres fondamentaux du genre Éros et Thanatos. Comique de situation, humour, autodérision, satire, raisonnement par l’absurde, associations d’idées détonantes, tout est bon pour corser ce cocktail merveilleusement farfelu qui aborde maints sujets, la palme revenant à l’analyse des romans fictifs de l’auteur improbable. Explosion de rire garantie. (L.K. et C.-M.T.)