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Déracinées, oubliées, les héroïnes de ces sept nouvelles sont domestiques, balayeuses des rues de Paris, petites bonnes à tout faire, invisibles. Marquées dès leur enfance par leur condition de fille, qu’elles soient à Paris ou dans leur pays d’Afrique du Nord, rien n’y change. Elles obéissent, s’adaptent, vont à l’école quand elles le peuvent mais leur vie est à la merci de leurs maîtres qui ont tous les droits et en abusent. Leur avenir, décidé à l’avance, ne leur permet que de rêver, se souvenir, parfois se rebeller.
C’est un appel au secours que lance Leïla Sebbar au nom de ces jeunes filles reniées par leur famille et abandonnées à leur destin. Dans le recueil de nouvelles, Sept Filles (N.B. juin 2003), elle traitait déjà de ce thème de double langue. Un ton grave et émouvant pour aborder les conditions de vie de ces jeunes femmes déracinées, prises dans l’étau des traditions, de la religion et les coutumes d’un pays étranger. Un style cru et poétique, tenace et volatil, tel les vies de ces petites bonnes.