L’herbe maudite

ENRIGHT Anne

 Les quatre enfants Madigan ont passé leur enfance sur la côte ouest de l’Irlande. L’un des garçons, homosexuel, est ensuite parti pour New York, l’autre oeuvre dans des ONG du tiers monde. Les deux filles restées au pays ont eu un parcours diamétralement opposé : riche mariage classique pour l’une, galère et alcool pour l’autre. Des années plus tard, alors que la maison de leur enfance va être vendue, tout ce petit monde se retrouve pour un dernier Noël autour d’une mère veuve.    Une mère, quatre enfants : ce huis-clos autour de personnages qui se sont construits tant bien que mal, parfois en contradiction avec l’héritage familial, donne lieu à une série de portraits acides dans lesquels se fait sentir tout le poids des racines, des conventions, de l’influence maternelle. Longtemps séparée la fratrie peine à se ressouder autour d’une mère dont le caractère fantasque et autoritaire plombe les retrouvailles. Construit en deux parties distinctes le roman suit d’abord les trajectoires de chacun avant ce Noël décisif pour mieux faire apparaître les failles, les mésententes, les préférences, toute la complexité d’une famille. La plume directe, incisive, d’Anna Enright (La valse oubliée, NB septembre 2012) traduit à merveille la lourdeur de l’atmosphère mais aussi le besoin d’amour, les instants de tendresse. (S.D. et M.-N.P.)