Sur le transatlantique, Abélard a été emporté par les fièvres. Désespéré, Gaston débarque à New York avec, pour tout héritage, le chapeau à dictons de son compagnon. Employé sur le chantier d’un gratte-ciel, hanté par le souvenir d’Abélard, l’ours noie sa solitude et son ennui au George’s friends’ café, dans les bras de Purity, une prostituée. Mais un jour, passée à tabac par un client, la jeune femme se meurt et lui confie ses maigres économies pour son fils. Le gamin vient d’être jeté à la rue par sa nourrice excédée. Avec Manhattan en plein chantier et la misère des émigrants pour toile de fond, ce nouvel opus sombre et bouleversant met en scène le duo improbable de l’ours taiseux, ronchon et désabusé, et d’un orphelin effronté et capricieux digne du Kid. Les deux esseulés s’entraident, s’apprivoisent, rencontrent fanatisme et ostracisme au cours de leur voyage. Beaucoup d’images sont muettes et leur silence est plus parlant que les mots. L’atmosphère est baignée d’une lumière automnale, en accord avec la tonalité du récit. Les protagonistes sont croqués avec une telle expressivité qu’ils distillent une profonde émotion, l’empathie nous gagne et nous arracherait bien une larme. (E.-E.H.)
L’héritage d’Abélard (Alvin ; 1)
HAUTIÈRE Régis, DILLIES Renaud