Fin du XIXe siècle. Dans le grand Nord norvégien, le domaine de Reinsnes vivote depuis que le ferry n’y fait plus escale. Régisseur et employés se réjouissent donc de voir revenir le fils de la maison, nouvellement diplômé de médecine et père d’une petite Karna, épileptique. Il est vite rejoint par une amie danoise qu’il épouse. L’arrivée fracassante de sa mère Dina, propriétaire des lieux et femme d’affaires ayant réussi à l’étranger, ne tarde pas à bouleverser bien des choses.
L’éclairage nouveau d’une brillante saga – c’est une réédition – se focalise sur le fils et la petite-fille de l’étonnante Dina. Elle qui a toujours bravé, jusqu’au crime, la morale puritaine ambiante, est une dernière fois l’héroïne vedette de la romancière norvégienne. Mais, telle qu’elle est, merveilleusement vivante sous la plume de son auteur, elle ne porte pas ombrage aux nombreux autres personnages habités de passions fortes et unis par des liens familiaux compliqués et beaucoup de non-dits. C’est tout l’art de la romancière (Cent ans, NB mai 2011) de restituer avec autant d’acuité la puissance et la subtilité des sentiments dans ce long et beau livre, parfaitement construit, tout imprégné de la splendeur des grands fjords norvégiens.