Peter Guillam, disciple de Georges Smiley dans les services de renseignements britanniques autrefois surnommés « le Cirque », est désormais âgé et retiré en Bretagne où il coule des jours paisibles. Il est sommé de se rendre à Londres pour donner des éclaircissements à propos d’une opération datant de la guerre froide, baptisée Windfall, au cours de laquelle il y eut deux victimes collatérales dont les descendants menacent d’intenter un procès au service qu’ils estiment responsable. L’idée d’exploiter l’évolution des générations dont la plus jeune, n’ayant que faire de l’intérêt général et de la lutte contre le bloc de l’Est, veut faire payer pour le sang d’innocents, est intéressante et bien exploitée par un maître du genre. Multipliant les allers-retours dans le temps, exploitant une abondante documentation, jouant sur les caractères en se situant parfois à la limite de la caricature d’un humour tout britannique, John Le Carré (Le tunnel aux Pigeons : histoires de ma vie, NB décembre 2016) donne la preuve qu’à quatre-vingt-cinq ans, il n’a pas perdu ses qualités de narrateur et montre, dans un ouvrage un peu compliqué et parfois difficile à suivre, que les sources des services secrets sont toujours l’argent, l’espoir et la liberté. (J.M. et S.D.)
L’héritage des espions
LE CARRÉ John