L’heure bleue, ce moment étrange où le jour cède à la nuit où l’esprit est prêt à se laisser séduire par le monde imaginaire… Abandonné sur un banc de gare, un livre tombe entre les mains d’un voyageur. Confortablement installé dans le train , l’homme se plonge dans la lecture du journal intime d’Hortense des Orphées. Cette jeune fille du 18e siècle était tombée éperdument amoureuse du Comte de Saint-Germain, intrigant alchimiste à la réputation sulfureuse, mystérieusement disparu dans les montagnes suisses…
Par la fenêtre du compartiment défilent les paysages évoqués, grisailles inspirées de gravures anciennes, tandis que le passager vit une étrange aventure où les personnages du passé prennent vie et l’associent à leur quête réciproque. Voyageur ou héros romanesques n’apparaissent qu’en silhouettes noires, à la manière des papiers découpés du 18e, donnant la priorité au récit et aux décors. Plaisir littéraire et esthétique, plaisir de perdre ses repères, plaisir sensuel aussi d’un papier de qualité, plaisir de deviner des références artistiques répertoriées en fin d’ouvrage : un beau livre qui témoigne du pouvoir de la lecture.