L’heure de la fermeture dans les jardins d’Occident

Philippe Montclar, étudiant à la Sorbonne, rencontre, dans les jardins du Luxembourg, Frédéric Stauff, vieux philosophe misanthrope. Celui-ci a côtoyé les existentialistes et mené une vie agitée avant de se retirer du monde, faisant disparaître les exemplaires de son seul livre publié. Son oeuvre, c’est son existence libre, recluse, sans trace, qu’il entend vite abréger. Philippe déambule avec son maître à penser dont la fabuleuse érudition et l’éthique l’éblouissent. Mais les avertissements d’un historien du suicide, l’intérêt que Stauff témoigne à la belle Ariane qu’aime Philippe, son goût paradoxalement encore manifeste pour la vie distillent le doute dans l’esprit du disciple. Et si Stauff n’était qu’un imposteur, un héritier des sophistes de l’Antiquité, un écrivain simplement raté et aigri ?

Bruno de Cessole, journaliste, tient en haleine le lecteur malgré l’austérité du sujet, un dénouement connu d’emblée et de longues digressions relatant l’échec d’hommes exemplaires. Une vie sépare le Diogène moderne du jeune narrateur qui écoute, mais croit mener le jeu. L’analyse subtile de leurs relations évolutives, l’écriture limpide et l’art de raconter font un roman riche et étonnant de L’heure de la fermeture dans les jardins d’Occident. Ce titre symbolise la fin – appelée par les nihilistes – d’un monde flamboyant mais méprisable et d’une existence désabusée.