En janvier 1940, Max Koenig, éminent professeur d’études antiques, entre au sanatorium de Wittenau car il souffre d’une terrible maladie dégénérative. Un ami l’exhortait depuis plusieurs années à fuir l’Allemagne. Ces mots qu’il ne voulait pas entendre résonnent désormais avec une acuité douloureuse. Pourtant, la possibilité d’envoyer sa femme et sa fille à Rome, et le réconfort des amitiés qui se nouent entre les malades, lui permettent d’espérer encore.
Barbara Zoeke, psychologue et universitaire allemande, se penche dans ce premier roman sur un pan de la Seconde Guerre mondiale assez peu connu : la mise en place du programme Aktion T4 par le régime du Reich. Si la première partie, la parole du malade, est un peu classique, la seconde, la parole du bourreau, est saisissante : l’ascension d’un jeune médecin SS acquis à la cause de « l’assainissement de la race », démontrer comment le Reich a pu fabriquer des monstres : ambition, égoïsme, lâcheté, jalousie, autant de défauts exploités par l’idéologie nazie. Servie par une écriture fluide et factuelle, la construction habile croise les destins et mêle les époques. Devant l’implacable processus d’élimination, on est saisi d’un sentiment d’horreur que l’on ne peut réprimer. (P.H. et B.Bo.)