L’histoire de Bruno Matei

TEODOROVICI Lucian Dan

À dix-sept ans, Bruno Matei apprend passionnément le métier de marionnettiste. Vingt ans plus tard, on le retrouve en prison, amnésique, sans souvenirs de ce temps écoulé. Le parti communiste vient à son aide en la personne du camarade Bojin, de la Securitate, chargé d’implanter sur ce terrain vierge les fondements de l’homme nouveau. Tandis que leurs relations progressent, que Bruno se lie avec une étrange jeune femme, qu’il partage le quotidien avec sa marionnette Vasilacke, ses souvenirs remontent : les années d’enfermement, de coups et de tortures qui dorment dans sa mémoire. Dans ce contexte, que peut devenir un homme naïf et bon ? L’atmosphère ubuesque du régime totalitaire roumain est décrite avec une ironie qui n’enlève rien à sa perversité, presque insoutenable. Plus rien d’humain ne semble subsister dans la volonté des dirigeants de briser les consciences et dans la férocité des exécutants. Et cependant, les petits arrangements de Bojin avec lui-même sont subtilement détaillés, tout comme la culpabilité et la reconnaissance de Bruno, machiavéliquement inculquées, ou encore la bonté d’un gardien… Le romancier, qui a l’âge de son héros, s’interroge ici avec une force bouleversante sur l’impuissance de l’homme à vivre sa liberté, marionnette manipulée par d’autres marionnettes.