C’est un bien curieux jardin qu’explore ce petit garçon, jardin dont les arbres et les taillis illustrent l’histoire qu’il raconte : l’histoire « en vert » de son grand-père. Les formes des végétaux y dessinent les principaux épisodes de sa vie : haie taillée comme une immense carotte, arbustes en silhouette de jeune femme qui sert le thé sur un tronc d’arbre, ou de petits-enfants simulant sa nombreuse descendance. Mais pourquoi le petit garçon ramasse-t-il dans son chariot, au détour d’un chemin ou derrière un buisson, une pelle, un rateau, un arrosoir ? Qui l’attend au bout de ce jardin-souvenir ?
La récolte d’outils de jardinage jalonnant la promenade symbolique le suggère : les topiaires aux formes inattendues évoquent avec finesse le souvenir d’une vie riche d’événements, se substituant à la mémoire enfuie d’un grand-père passionné de jardinage. L’attention affectueuse que l’enfant porte à son aïeul traduit tout ce que ce personnage en fin de vie a semé de tendresse autour de lui. Avec certains traits à la John Burningham, c’est l’art de l’illustration – et du jardin ! – à l’anglaise : une jolie manière de parler de souvenir et de lien intergénérationnel.