S’en revenant de guerre, sans le sou, et ne connaissant que le seul métier des armes, un soldat désespéré rencontre le diable qui lui propose un marché. S’il enfile son habit, il y trouvera de quoi vivre largement si, pendant sept ans, il ne se lave, ni ne se rase, ne se coupe ni ongles ni cheveux, et porte jour et nuit une peau d’ours comme manteau. S’il y manque, son âme reviendra au diable.
L’adaptation d’Anne Jonas est fidèle à ce sombre conte de Grimm où le soldat semble sortir vainqueur de l’épreuve, en gagnant l’amour reconnaissant de la troisième fille d’un vieil homme qu’il a sauvé de la ruine. Folles de jalousie, les deux soeurs se tuent, et le diable récupère deux âmes, deux longues formes blanches, qu’un petit homme en chapeau melon emporte au loin sous un ciel chargé de nuages noirs. L’illustration allège la noirceur du conte en privilégiant les fonds clairs, et en stylisant arbres et plantes dans des formes arrondies et ludiques. Les images séduisent par le soin apporté à la composition des pages, l’élégance des silhouettes et la sobriété des couleurs utilisées (à dominante marron et bleu). L’usage du crayon noir ajoute de la densité et de la matière à l’ensemble.