Ce premier roman se présente comme une enquête : la narratrice, dont on sait peu de chose, enregistre et retranscrit les récits des quatre enfants de Ferdinand, l’homme barbelé. Ils sont aujourd’hui octogénaires mais aucun n’a oublié quel tyran il fut et la peur dans laquelle ils vécurent constamment lorsqu’il était à la maison. Et pourtant ce « grand maître d’oeuvre en méchanceté » avait eu un comportement exemplaire pendant la première guerre, montrant une solidarité et une énergie peu communes. Arrêté plus tard par la Gestapo et mort dans un camp, il y montra aussi les mêmes qualités vis-à-vis des autres déportés. Cette énigme a-t-elle une clef ?
Les voix et les époques se mêlent constamment, sans que l’histoire cesse cependant d’être claire et sa progression maîtrisée. L’expression est sobre et vigoureuse. Ferdinand suscite d’abord l’incompréhension horrifiée et puis on s’attache à lui, on veut le comprendre. Une réussite.